L’art « dégénéré ». Une histoire croisée France / Allemagne
Kolloquium
L’art « dégénéré ». Une histoire croisée France / Allemagne
Appel à contributions
En lien avec l’exposition « Art “dégénéré”. Le procès de l’art moderne sous le nazisme » présentée au Musée national Picasso-Paris du 18 février au 25 mai 2025 et le programme Répertoire des acteurs du marché de l’art en France sous l’Occupation (RAMA) de l’Institut national d’histoire de l’art, le Musée national Picasso-Paris, le Musée d’art et d’histoire du judaïsme et le Centre allemand d’histoire de l’art (DFK Paris) organisent un colloque international sur ce thème, à Paris, les 27 et 28 mars 2025.
L’expression nazie « art dégénéré » désigne une campagne publique d’exclusion, de diffamation et de destruction de l’art moderne, s’étalant sur plus d’une dizaine d’années. Le terme de « dégénérescence » apparait à la fin du XVIIIe siècle dans différentes disciplines (histoire naturelle, médecine, anthropologie, histoire de l’art…) jusqu’à sa cristallisation au cœur de la « vision du monde » national-socialiste, et sert de vecteur au déploiement de théories racistes et antisémites, notamment dans le champ de l’histoire de l’art.
Au cours de la campagne contre l’« art dégénéré », quelque 20.000 œuvres modernes sont saisies par le régime national-socialiste dans les collections publiques allemandes et décrochées des cimaises des musées. Après la promulgation de la « loi sur la confiscation des produits de l’art dégénéré » en mai 1938, il devient patent que ces œuvres ne retourneront pas dans leurs lieux de conservation initiaux.
Des destructions ont lieu en mai 1936, à la Nationalgalerie berlinoise, première institution à avoir acquis un tableau de Cézanne, quarante-quatre toiles sont réduites en cendres dans la chaudière de l’ancien Kronprinzen-Palais ; environ 5.000 œuvres sont brûlées dans la cour de la gare centrale de Berlin le 30 mars 1939 comme « restant non exploitable », selon une terminologie propre à la langue du IIIe Reich.
Une part importante des œuvres dites « dégénérées », considérées comme « exploitables », sont vendues lors de la vente organisée le 30 juin 1939 à Lucerne par la galerie Fischer, et surtout via quatre marchands chez qui transitèrent environ 9.000 œuvres – Hildebrand Gurlitt, Karl Bucholz, Ferdinand Möller, Bernhard Böhmer – qui eux-mêmes s’appuyèrent sur les réseaux de nombreux intermédiaires.
L’attaque contre l’art moderne connaît un point public culminant lors de l’exposition diffamatoire Entartete “Kunst” [“Art” dégénéré], organisée à Munich en 1937, incluant plus de 600 œuvres confisquées par les nazis, œuvres dues à une centaine d’artistes, d’Otto Dix à Ernst Ludwig Kirchner, de Wassily Kandinsky à Emil Nolde, de Paul Klee à Max Beckmann, de Otto Freundlich à Kurt Schwitters. Cette manifestation de propagande s’inscrit dans une série d’expositions mises en place dans plusieurs musées dès 1933 (Dresde, Mannheim, Karlsruhe…) et se poursuivant en Allemagne et en Autriche jusqu’en 1944.
Le colloque s’appuie sur des recherches récentes et encourage la participation de jeunes chercheurs. Il vise en particulier à explorer les échos de la campagne sur l’art « dégénéré » en France, les parallèles entre les situations française et allemande, les répercussions sur les artistes et les galeristes en France ainsi que la position de la critique et des conservateurs de musées français.
Les principaux thèmes abordés seront :
- L’émergence et la diffusion de la notion de « dégénérescence » et son application en histoire de l’art.
- La position et la réaction des différents acteurs (artistes, critiques, historiens, personnels des musées…) face à la campagne contre l’« art dégénéré », notamment en France. Une attention particulière sera portée aux propositions de communication entendant traiter des réactions des artistes désignés comme « dégénérés » et transitant par la France, face à cette campagne de dénigrement, de destruction, de dilapidation et d’effacement des avant-gardes.
- L’organisation des expositions d’« art dégénéré », la scénographie et le contenu de ces expositions, leur réception. Une attention sera également portée aux contre-projets d’exposition organisés en réaction à la campagne nazie.
- Le commerce de l’« art dégénéré » et notamment ses implications dans le contexte français.
- L’historiographie de la question de l’« art dégénéré » de 1945 et à nos jours. Les évolutions de ce champ d’études, la position des musées et des acteurs institutionnels face à cette question, et les perspectives nouvelles de recherches
Le transport, les repas et l’hébergement à Paris sont pris en charge sur une base forfaitaire. Les propositions seront composées d’un seul fichier intitulé du nom de la personne répondant à l’appel ; elles comporteront une courte biographie (une page maximum) et la proposition de communication (3.000 signes maximum espaces compris). Elles pourront être rédigées en français ou en anglais.
Date limite d’envoi à l’adresse colloqueartdegenere@gmail.com : 30 novembre 2024.
Retrouver l’appel au format PDF en lien à droite.
English version
Call for Papers
“Degenerate” Art. A French/German Cross-History
In conjunction with the exhibition ““Degenerate” Art. Le procès de l'art moderne sous le nazisme” on view at the Musée national Picasso-Paris from February 18 to May 25, 2025, and the Répertoire des acteurs du marché de l'art en France sous l'Occupation (RAMA) program of the Institut national d'histoire de l'art, the Musée national Picasso-Paris, the Institut national d’histoire de l’art, the Musée d'art et d'histoire du judaïsme, the German Center for Art History (DFK Paris) are organizing an international colloquium on this theme in Paris on March 27 and 28, 2025.
The Nazi term “degenerate art” refers to a public campaign of exclusion, defamation and destruc-tion of modern art, spanning more than a decade. The term “degeneracy” appeared at the end of the 18th century in various disciplines (natural history, medicine, anthropology, art history, etc.) until it crystallized at the heart of the National Socialist “worldview”, and served as a vehicle for the deployment of racist and anti-Semitic theories, particularly in the field of art history.
During the campaign against “degenerate art”, some 20,000 modern works were seized by the National Socialist regime from German public collections and removed from museums. After the enactment of the “Law on the Confiscation of the Products of Degenerate Art” in May 1938, it be-came clear that these works would not be returned to their original repositories.
Destruction took place in May 1936 at the Berlin Nationalgalerie, the first institution to acquire a Cézanne painting, where forty-four canvases were reduced to ashes in the boiler room of the former Kronprinzen-Palais; and around 5,000 works were burnt in the courtyard of Berlin's main railway station on March 30, 1939, as “restant non exploitable”, according to a terminology specific to the language of the Third Reich.
A significant proportion of the so-called “degenerate” works, considered “exploitable”, were sold at the sale organized by the Fischer gallery in Lucerne on June 30, 1939, and above all via four dealers who handled some 9,000 works – Hildebrand Gurlitt, Karl Bucholz, Ferdinand Möller, Bernhard Böhmer – and who themselves relied on a network of numerous intermediaries.
The attack on modern art culminated in the defamatory “Entartete “Kunst”” [Degenerate “Art”] exhibition, held in Munich in 1937, which included over 600 works confiscated by the Nazis, by a hun-dred artists, from Otto Dix to Ernst Ludwig Kirchner, from Wassily Kandinsky to Emil Nolde, from Paul Klee to Max Beckmann, from Otto Freundlich to Kurt Schwitters. This propaganda event was part of a series of exhibitions that began in 1933 (Dresden, Mannheim, Karlsruhe, etc.) and continued in Germany and Austria until 1944.
The symposium draws on recent research and encourages the participation of young researchers. In particular, it aims to explore the echoes of the “degenerate” art campaign in France, the parallels between the French and German situations, the repercussions on artists and gallerists in France, and the positions of French critics and museum curators.
The main topics will be:
- The emergence and dissemination of the notion of “degeneracy” and its application to art history.
- The positions and reactions of various actors (artists, critics, historians, museum staff, etc.) to the campaign against “degenerate art”, particularly in France. Particular attention will be paid to papers proposals dealing with the reactions of artists designated as “degenerate” and transiting through France, faced with this campaign of denigration, destruction, dilapidation and obliteration of the avant-garde.
- The organization of “degenerate art” exhibitions, the scenography and content of these exhibitions, and their reception. Attention will also be paid to counter-exhibition projects organized in reaction to the Nazi campaign.
- The “degenerate art” trade and its implications in the French context.
- The historiography of “degenerate art” from 1945 to the present day. Developments in this field of study, the position of museums and institutional actors with regard to this issue, and new research prospects.
Transportation, meals and accommodation in Paris are covered on a fixed-price basis. Proposals should consist of a single file headed by the name of the person responding to the call; they should include a short biography (maximum one page) and the communication proposal (max-imum 500 words). They may be written in French or English.
Deadline for submission to colloqueartdegenere@gmail.com: November 30, 2024.
Please find this call as in pdf on the right of this page.