Ernst Haeckel (1834-1919), biologiste allemand aujourd’hui tombé dans l’oubli, était pourtant aussi célèbre que Darwin de son vivant. Il était respecté et célébré dans les cercles scientifiques internationaux en tant que zoologiste marin et théoricien de l’évolutionnisme. Auteur des premiers « arbres généalogiques » des espèces, qui présentaient une vision unifiée du monde vivant, il fut également l’inventeur du concept d’« écologie », dont il jeta les bases. Sa « loi de la récapitulation » a influencé non seulement la biologie, mais aussi la psychologie, la criminologie et la psychanalyse. Ses livres destinés à un public non spécialisé, dont Histoire de la Création des êtres organisés d’après les lois naturelles et Les énigmes de l’univers, connurent un grand succès et furent traduits en plusieurs langues. Ses magnifiques planches illustrant les « formes d’art de la nature » ont inspiré les artistes et les architectes de l’Art nouveau. Mais le professeur de zoologie à l’université d’Iéna était également un intellectuel et un personnage public de premier plan, apôtre de la libre pensée, du rationalisme et du progrès. Son activisme pour une « religion moniste » de la nature, panthéiste et antichrétienne, lui valut une réputation sulfureuse. Le déclenchement de la Première Guerre mondiale, que le pacifiste approuva en signant l’Appel des professeurs, coupa finalement Haeckel de son réseau international. Enfin, la réception complexe de son œuvre, allant de la gauche militante à certains représentants du national-socialisme, a contribué à son effacement. L’ouvrage Haeckel et les français examine les différents aspects de la réception de Haeckel en France et tente de rendre justice au rôle historiquement important du savant, sans occulter les ambiguïtés de son héritage.

Cette table ronde réunira les directeurs et les auteurs de l’ouvrage et mettra notamment l’accent sur l’importance des recherches de Haeckel pour le développement des beaux-arts et de l’histoire de l’art. La manifestation s’inscrit dans le thème annuel « Nature » du DFK Paris.