Rencontres de la réalité - Réalité des rencontres
Rencontres de la réalité - Réalité des rencontres
Une série d’ateliers de recherche
organisés par Mathilde Arnoux et Lena Bader en 2018-2019
À la suite du projet de recherche « OwnReality. À chacun son réel », du programme « Travelling Art Histories » et du cycle de rencontres consacré aux « Autorités de l’histoire de l’art », le Centre allemand d’histoire de l’art poursuit sa réflexion autour des relations artistiques à travers une série d’ateliers de recherche à long terme. Après avoir prêté attention aux discours de la critique d’art en France, RFA, RDA et Pologne entre 1960 et 1989 et aux enjeux historiographiques issus de la guerre froide ainsi qu’aux questions postcoloniales liées aux rencontres transrégionales, il s’agit de conduire une réflexion sur la façon dont les pratiques artistiques de tous ordres contribuent à penser les relations dans la modernité.
La modernité est marquée par de puissantes divisions disciplinaires, géographiques, épistémologiques, au sein desquelles ont été établis des classements, ainsi que des catégories et des typologies. Ces données impliquent des hiérarchies selon des ordres et des normes. Cependant les éléments issus de la division sont aussi sans cesse reliés en pensant leurs relations, interrogeant les clivages entre nature et culture, nation et race, forme et fond, corps et esprit, temps et espace, sujet et objet. De ces questionnements sont nées des conceptions variées de la relation qu’elles soient linéaires, arborescentes, en rhizome, en correspondance ou encore en faisceau. La discipline de l’histoire de l’art a pris forme dans cette conjoncture, ordonnant à son tour les arts par époque, école nationale, technique, style, genre, auteur, lieu ; établissant canons et tournants ; assurant les liens à travers les rapports d’influence, les chemins de l’inspiration, les phénomènes de transferts et d’interférences. Ces classements marquent les narrations proposées par l’enseignement de la discipline, par la critique d’art et par les musées. Nourries par les apports critiques de la déconstruction, ainsi que par les études sur la fabrique des discours et des représentations, des recherches interrogent les clivages qui ont structuré les sciences humaines et sociales. Elles se caractérisent par l’usage des préfixes post- et trans- et par la succession de tournants, dont apparition et disparition scandent le champ des connaissances et rythment la vie des idées.
Comme une évidence, la question de la division et celle de la relation sont toujours en jeu dans les analyses de l’histoire de l’art. C’est pourtant de manière très singulière que les pratiques artistiques y sont intégrées. Elles reflètent, interprètent, perturbent le contexte socio-culturel et/ou en sont détachées, indépendantes, autonomes. Selon les conceptions, c’est la valeur des pratiques artistiques ou le poids du contexte qui est mis en avant et la proposition articule alors différemment les liens entre société, art et discours. Il en ressort une tension qui interroge, tant ces conceptions ne semblent pas pouvoir être tenues ensemble. Les pratiques artistiques prises dans leur singularité offrent pourtant un moyen de repenser les relations dès lors qu’il n’est plus question de trancher entre la perspective d’un discours scientifique positiviste et celle de la sacralisation de l’art.
Comment penser les relations de manière constructive avec les pratiques artistiques ? Que faire des questions qu’elles adressent aux narrations qui tentent de les saisir ? Ces relations interrogent sans cesse ce que les pratiques artistiques font de et à la réalité. C’est en nous concentrant sur ces aspects que nous voulons favoriser des rencontres questionnant ce que les pratiques artistiques apportent de particulier à l’analyse des relations.
Le terme de relation recouvre une variété de phénomènes de circulation, de diffusion, de réception, rétablis sur la base de documents, d’archives et de statistiques, sans que les questions soulevées par les rencontres qu’elles impliquent ne soient nécessairement abordées. Pour que la relation ne soit ni entendue de manière consensuelle, ni réduite à une approche factuelle, nous voulons plus particulièrement explorer ce qui se joue dans ces rencontres, interroger ce qu’elles font émerger comme cohésion, division, indifférence, inégalité, conflit, édification, etc.
Dans cette optique, nous avons imaginé faire se rencontrer des personnalités issues de différents espaces et de différentes traditions, pour qu’elles exposent de façon précise les relations qu’elles analysent à partir de pratiques artistiques qui seront au cœur de la série d’ateliers. Les interventions exploreront des pratiques artistiques prises en relation ou adressant en elles-mêmes la question des relations et des divisions posées par la modernité, en prêtant attention à la façon dont ces pratiques rencontrent la réalité.
Les enjeux méthodologiques seront toujours au cœur de l’attention et questionnés dans toute leur variété, pour contribuer à affiner les outils de chacun. Loin de tout relativisme, il s’agit bien plus de rassembler des points de vue de chercheurs d’horizons académiques différents, et de prendre conscience de la trajectoire singulière à partir de laquelle chacun forme son point de vue. Seule une mise en commun des questionnements permettra de saisir la singularité avec laquelle les pratiques artistiques adressent la question des relations.
Les pratiques artistiques devront être au cœur de l’analyse. Afin que les interventions puissent être développées autour de la réflexion sur les relations, nous encourageons les participants à nous communiquer des articles de synthèse, des introductions d’ouvrage permettant de situer le contexte du propos : enjeux de la réception d’un artiste, contexte culturel, contexte intellectuel, etc.
Notre intention principale est de créer un espace de réflexion autour des relations pensées à partir des pratiques artistiques.
Programme du séminaire
septembre 2018 – décembre 2019
Vendredi, 28 septembre 2018, 14h à 16h30
Mathilde Arnoux et Lena Bader
Vendredi, 23 novembre 2018, 14h à 17h
Invités : Baptiste Brun, Vincent Debaene et Anne Lafont
- Qu’est-ce que l’écriture construit et comment l’objet peut lui résister ?
- Comment penser les implicites de la description ?
- Comment l’autorité du texte prend forme ?
Vendredi, 25 janvier 2019, 14h à 17h
Invités : Nathalie Karagiannis et Erik Bullot
- Comment repenser la question de l’autonomie de l’art dans une perspective critique ?
- L’art participe-t-il à faire société ?
- Dans quelle interdépendance se tiennent pensées de l’art, de la politique et de l’économie ?
Vendredi, 29 mars 2019, 14h à 17h
Invités : Sophie Goetzmann, Déborah Laks et Karine Winkelvoss
- Comment le retour du passé peut être conçu comme un moyen de réensemencer le présent et en retour comment des pratiques récentes font la lumière sur celles du passé ?
- Les temporalités s’entrelacent-elles ?
- La relation à travers le temps est-elle conçue de manière linéaire, continue, itérative ?
Date reportée
Invités : Claire Joubert et Hélène Quiniou
- Préciser les conditions qui rendent possible l’appropriation de l’autre
- Cerner la place que l’autre trouve là où l’on se l’approprie
- Réfléchir à comment l’existence de cet autre tient à celui qui le désigne comme tel
Pour accéder au reader, veuillez adresser un message à marnoux@dfk-paris.org.