ARCHITRAVE – Art et architecture à Paris et Versailles dans les récits de voyageurs allemands à l’époque baroque
ARCHITRAVE – Art et architecture à Paris et Versailles dans les récits de voyageurs allemands à l’époque baroque
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Projet binational franco-allemand ANR-DFG
Art et architecture à Paris et Versailles dans les récits de voyageurs allemands à l’époque baroque (ARCHITRAVE)
Le projet consiste à proposer une étude approfondie de six récits de voyage allemands datant de 1685 à 1723, les seuls connus de l’époque baroque contenant des jugements développés et argumentés sur l’architecture et l’art français. La majeure partie de ces sources manuscrites et imprimées provenant d’archives et de bibliothèques publiques allemandes n’a pas encore été publiée et analysée dans son ensemble. Le corpus se compose des sources suivantes :
- Christoph Pitzler (1657-1707) : Journal de voyage, 1685-1688 (Stiftung Preußische Schlösser und Gärten Berlin-Brandenburg, Potsdam ; photographies historiques d’un manuscrit disparu)
- Ferdinand Bonaventure comte d’Harrach (1637-1706) : Journal de voyage, 1698 (Österreichisches Hauptstaatsarchiv, Vienne ; manuscrit)
- Lambert Friedrich (1668-1733) et Christian Heinrich Corfey (1670-1652) : Reisetagebuch, 1698-1699 (édité par Helmut Lahrkamp, Münster, Aschendorf, 1977)
- Christian Friedrich Gottlieb von dem Knesebeck (avant 1680 - après 1727) : Journal de son voyage en France, v. 1711-1713 (Universitätsbibliothek, Rostock ; manuscrit)
- Leonhard Christoph Sturm (1669-1719) : Architectonische Reise-Anmerkungen [1699], 1719 (Getty Research Institute, Los Angeles, Special collections ; livre imprimé)
- Johann Balthasar Neumann (1687-1753) : Lettres de son voyage en France, 1722/1723 (Wurtzbourg, Staatsarchiv ; publications modernes et manuscrit)
Ce corpus richement commenté sera mis à disposition au sein d’un portail numérique proposant des fonctionnalités d’interrogation poussées et une interconnexion complexe d’information textuelles et de ressources iconographiques. Les objectifs de l’équipe de recherche franco-allemande sont doubles : d’une part mutualiser les connaissances des spécialistes français sur Paris et Versailles au temps de Louis XIV et celles de leurs homologues allemands sur les documents retenus ; d’autre part montrer comment les outils numériques de traitement et d’analyse de sources peuvent offrir – tant pour les universitaires que pour un public plus large – une approche innovante et fiable pour les étudier.
L’objectif premier de ce projet est de contribuer à une meilleure compréhension des modes d’appréciation d’une culture étrangère à l’époque baroque. En dépit de la curiosité et de l’admiration qui les animaient, les voyageurs allemands ont manifesté une distance critique envers l’art et la culture française bien avant la période des Lumières. On n’a pas encore saisi à quel point le contact avec la culture française a contribué au développement d’une telle faculté de jugement indépendant, laquelle a assis (et même renforcé) les schémas de perception spécifiquement allemands. En outre, l’attitude sceptique qui ressort souvent de ces documents semble avoir été un sol fertile pour le développement d’un nouveau paradigme esthétique au tournant du siècle. Certes, une appréciation éclectique de l'art prévalait depuis la Renaissance, selon laquelle tout progrès dans ce domaine serait fondé sur la capacité de l’artiste à choisir et associer au mieux des solutions préexistantes et universellement appréciées. Mais autour de 1700, les premiers signes d’un assouplissement de ce paradigme apparaissent, donnant davantage de place au génie individuel et aux solutions artistiques originales. Le rôle qu’ont joué les voyageurs allemands se rendant en France dans ce processus subversif et émancipatoire sera à investiguer.
De même, au regard de leurs qualités littéraires et spécificités linguistiques, les textes ici analysés appartiennent à une période transitoire. Jusqu’alors, on considérait que c'était seulement à l’apogée des Lumières que les voyageurs avaient développé cette capacité à émettre des appréciations individuelles d’œuvres d’art, impliquant des points de vue délibérément intimes et subjectifs. Pourtant, même si à la fin du XVIIe siècle la tradition descriptive dominait encore, visant à une description prétendument objective et intégrale de l’œuvre, on observe déjà une faculté grandissante des voyageurs à focaliser leur attention sur des aspects particuliers et à exprimer leurs émotions.
Ces récits de voyage constituent aussi des documents factuels précieux, livrant des descriptions précises de nombreux édifices et de leurs décorations intérieures, disparus ou modifiés au fil du temps, et donnant des indications sur leurs usages et fonctions. Ces sources fourniront par exemple des informations sur les conditions d’accès à certaines fortifications, palais, jardins, etc. De plus, l’analyse croisée des sources donnera des indications utiles sur les réseaux que les touristes devaient mobiliser pour organiser leurs visites.
Conjointement à cette investigation scientifique, une édition critique bilingue des six sources sera élaborée et mis à disposition sur un portail numérique interopérable et consultable en libre accès. Ce portail de recherche sera accompagné d’un espace web dédié au grand public sur le site du Château de Versailles.
Institutions partenaires du projet
- la « Philipps-Universität Marburg »
- le Centre de recherche du château de Versailles (CRCV)
- la « Niedersächsische Staats- und Universitätsbibliothek » de Göttingen (SUB)
- le « Deutsches Forum für Kunstgeschichte »/Centre allemand d’histoire de l’art Paris (DFK Paris)
Ancien assistant de recherche pour le projet à DFK Paris
Thorsten Wübbena M.A., Chef de service - Digital Humanities
Angela Göbel M.A., Associé scientifique
Byambasuren Altansukh, Stagiaire, Département Digital Humanities
Franziska Kaun, Stagiaire, Département Digital Humanities
Éléonore Harz, Stagiaire, Département Digital Humanities
Christina-Marie Lümen, Stagiaire, Département Digital Humanities
Blog : https://architrave.eu/ and https://architrave.hypotheses.org/
Somme allouée : 498 037 euros