L’histoire des sensibilités vise à retrouver les façons de sentir et de ressentir d’autrefois, les manières de se mouvoir et de s’émouvoir des femmes et des hommes du passé. Explorant une historicité souvent très enfouie en l’être humain, elle souligne les variations locales, sociales et historiques des seuils de perception, des goûts et des dégoûts, des régimes émotionnels, des formes de l’attachement ou encore des modes d’appréciation du temps et de l’espace. Mettant ainsi en exergue les ressorts sensibles de la vie sociale, elle traque les mouvements de profondeur comme les révolutions souterraines qui travaillent silencieusement la vie affective, sans pour autant perdre de vue les persistances et inerties de longue durée. Au cours de cette conférence, Hervé Mazurel voudrait ainsi montrer toute la richesse des possibles contenus dans l’interlocution de l’histoire, de l’anthropologie et de l’histoire de l’art autour de la question des affects.

 
 
Ethno-historien des affects et des imaginaires, Hervé Mazurel est maître de conférences HDR à l’université de Bourgogne et chercheur au LIR3S. Codirecteur de la revue Sensibilités. Histoire, critique et sciences sociales (Anamosa), il a coordonné avec Alain Corbin l’ouvrage collectif Histoire des sensibilités (PUF, 2022). Soucieux de favoriser le dialogue des disciplines de la psyché et des sciences sociales, il a fondé « Le laboratoire du temps qui passe » et a récemment publié Kaspar l’obscur ou l’enfant de la nuit, puis L’Inconscient ou l’oubli de l’histoire. Profondeurs, métamorphoses et révolutions de la vie affective (La Découverte, 2020 & 2021). Détenteur d’une chaire de recherche en philosophie à l’Université libre de Bruxelles en 2023-2024, il vient de faire paraître avec Camille Chamois et Quentin Deluermoz un numéro de la revue L’Homme (« L’expérience sensible », n° 247) consacré à l’histoire et à l’anthropologie du sensible.