La peinture française en Allemagne
1815-1870
Allemand
Français
L’art français était-il visible en Allemagne au XIXe siècle ? Les historiens d’art se sont longtemps focalisés sur le fait que « les Allemands » avaient été parmi les premiers à collectionner et à acheter pour les musées des peintres impressionnistes français, mais ils ont négligé de s’intéresser de plus près à la première moitié du siècle. À tort. Car la peinture française contemporaine était alors non seulement visible outre-Rhin, mais elle y a aussi fait l’objet d’une attention passionnée au moment même où l’histoire de l’art, en tant que discipline scientifique, prenait son essor.
C’est à ce chantier inédit que France Nerlich s’est attaquée, reconstituant à partir de sources et d’archives allemandes et françaises les conditions précises de circulation et de visibilité des œuvres françaises dans les territoires germaniques, en particulier à Berlin, Munich et Leipzig, afin de mettre en lumière le rôle qu’elles ont pu y jouer dans l’histoire des collections, des musées, du marché de l’art, de la critique et de l’histoire de l’art. Loin de vouloir célébrer le triomphe de la peinture française en Allemagne, l’auteur en analyse l’impact véritable et fait renaître sous nos yeux l’intensité des échanges intellectuels et artistiques entre la France et l’Allemagne au XIXe siècle. Les enjeux idéologiques, économiques et artistiques de cette mobilité transnationale ainsi que les résistances auxquelles elle se heurte sont retracés pour montrer l’origine des fantasmes qui transforment l’art français tour à tour en source d’émulation et d’angoisse, d’enthousiasme et de rejet, arme contre l’establishment ou menace pour l’identité artistique allemande. Ce faisant l’auteur fait apparaître un « autre XIXe siècle » que celui généralement présenté dans les manuels, en évoquant le rôle crucial joué par des artistes comme Paul Delaroche, Horace Vernet, Ary Scheffer ou François Auguste Biard. C’est en prenant au sérieux l’intérêt manifesté à leur égard par des auteurs aussi différents qu’Heinrich Heine, Athanase Raczyn´ski ou Anton Springer, mais aussi en soulignant le rôle des marchands d’art dans leur diffusion et les stratégies expérimentées par les artistes, que France Nerlich nous montre que cette histoire – oubliée – participe elle aussi de la naissance de la modernité.
Comptes-rendus :
- Birgitta Coers, dans Arthistorikum.net/virtuelle Fachbibliothek Kunst, octobre 2012 ; voir aussi : KUNSTFORM 13/10, 2012, URL : http://www.arthistoricum.net/kunstform/rezension/ausgabe/2012/10/19220/.
- Bénédicte Savoy, « Kulturtransfer einmal anders herum: Französische Malerei in Deutschland », dans Kunstchronik 65/5, mai 2012, p. 236–240.
- Wolfgang Drost, dans Romanische Zeitschrift für Literaturgeschichte/Cahiers d’Histoire des Littératures Romanes 36, 2012, p. 237–241.
- Malcom Gee, dans The Burlington Magazine 154/1306, janvier 2012, p. 49.
- Stéphane Paccoud, dans Histara les comptes rendus, janvier 2012, URL : http://histara.sorbonne.fr/cr.php?cr=1296.
- Edith Heindl, dans Informationsmittel (IFB), digitales Rezensionsorgan für Bibliotheken, 2011, URL : http://ifb.bsz-bw.de/bsz333728610rez-1.pdf?id=4157.
- Michela Passini, dans Romantisme 4/154, 2011, p. 182–184.
- Michel Espagne, dans H-Soz-u-Kult, 29.07.2011, URL : https://www.connections.clio-online.net/publicationreview/id/reb-15905.
- Jean-François Luneau, dans Recherches en histoire de l’art 8, 2009, p. 104–105.