Clara Lespessailles
Clara Lespessailles, M.A.
Vita
Diplômée de l’École du Louvre, Clara Lespessailles est doctorante en histoire de l’art à l’École pratique des hautes études et à l’École du Louvre. Depuis 2021, elle consacre ses recherches à une thèse intitulée : Les primitivismes chez les élèves d’Ingres entre 1830 et 1860. Des histoires artistiques et affectives italiennes, projet soutenu par la bourse de la Fondation Étrillard. En octobre 2024, elle est récompensée par un séjour à la Villa Médicis dans le cadre de la Bourse Daniel Arasse. Elle contribue en parallèle, aux côtés de Déborah Laks (CNRS) et d’Alice Thomine-Berrada (conservatrice du patrimoine), au projet « Archives audiovisuelles de la pédagogie artistique à l’École des Beaux-Arts de Paris depuis 1960 ». En 2022, elle co-organise la journée d’étude « Un nouveau Reg-Arts sur l’École des Beaux-Arts de Paris (XIXe-XXe siècles) (INHA, CNRS, École du Louvre). De 2020 à 2023, elle enseigne à l’École du Louvre les cours de spécialité « Arts du XIXe–début XXe siècle ».
Axes de recherche
Projet de recherche dans le cadre du sujet annuel 2024/26 « Nature » :
L’idée et l’expérience de Nature chez les élèves d’Ingres
La référence à une théorie de la Nature occupe une place centrale dans les discours d’Ingres et de ses élèves, tant dans leurs prises de position publiques que dans leurs échanges privés. Systématiquement invoquée comme modèle et juge, la Nature constitue pour ces artistes un fondement esthétique couvrant des questions telles que le style, la beauté et la norme, à supposer même qu’une telle norme existe. Elle fixe un cadre exigeant et incarne un idéal à atteindre, tout en demeurant un défi redoutable. À la fois catégorie mouvante et même insaisissable, la Nature devient pour ces artistes une norme intégrée qui structure leur pratique artistique, tout en se transformant en un objet de réflexion théorique évolutif, se construisant au gré de leur expérience et s’inscrivant alors dans une démarche que l’on pourrait qualifier de « pratico-théorique », résonnant avec la notion de pensée artiste.
Cette notion, aussi instable qu’essentielle, est avant tout indissociable de celle de vérité, dans un sens à la fois mimétique et moral. Curieusement, elle se manifeste davantage comme une combinatoire d’éthique et d’esthétique, sans que le paysage ne soit directement impliqué à son origine. Néanmoins, chez les frères Flandrin ou encore chez Alexandre Desgoffe, l’investissement du paysage permet peut-être à ce genre de communiquer avec cette catégorie primordiale de la Nature, dépassant les limites canoniques établies.
La quête de pureté originelle qui définit le primitivisme d’Ingres et de ses élèves s’inspire des idées de Winckelmann, mais vient aussi s’enrichir d’une vision déjà présente chez J.-L David, selon laquelle la Nature est considérée comme fondement et horizon de la création artistique.
C’est cette problématique polysémique d’une expérience et d’une idée de la Nature que je propose d’examiner dans ce projet, auquel j’ajoute un double élargissement : faire la généalogie de cette théorie de la Nature au sein du néoclassicisme, et situer cette même théorie, propre à un courant à la fois académique et primitiviste, entre 1800 et 1850, tout en la replaçant dans le contexte des débats romantiques et réalistes contemporains.
Paul Flandrin (1811-1902)
Les Pénitents de la mort dans la campagne de Rome
1840, Huile sur toile, 98,5 x 132,2 cm, Lyon, musée des beaux-arts, inv. : A 2873
© Lyon MBA – Photo Alain Basset