Par rapport aux célèbres histoires universelles de l’art élaborées au XX^e siècle, la contribution de l’historienne de l’art française Madeleine Rousseau est aujourd’hui peu connue. Voix importante du Musée Vivant, le magazine de l’Association populaire des amis des musées (APAM) fondé en 1936, elle est devenue une figure essentielle des cercles artistiques parisiens, s’engageant dans des débats sur l’éducation populaire, l’anticolonialisme, l’art mondial et le rôle du réalisme et de l’abstraction dans le contexte de l’antifascisme et de la décolonisation. 

Son engagement sur plus de 30 ans en faveur d’une histoire universelle de l’art s’est construit autour d’études approfondies des cultures étrangères, débutées au Musée de l’homme. Elles se sont ensuite développées pour former un vaste fonds d’archives, base de ses écrits, de ses conférences et de son enseignement. Ces archives contiennent, entre autres, un grand nombre de dessins et, en particulier, des calques que je me propose de présenter lors de mon intervention. Je tenterai ainsi de démontrer comment Rousseau, ancienne artiste, cherche à retracer littéralement le sens et la fonction des cultures visuelles et matérielles non occidentales, en répétant et en analysant manuellement leurs formes.