Louis Réau (1881–1961) fut une figure importante de l’historiographie de l’art française de la première moitié du XX^e siècle. Élève remarqué de l’École normale supérieure, agrégé d’allemand, voyageur polyglotte et connaisseur encyclopédique des travaux réalisés dans son domaine à l’international, il fut l’auteur de près de 400 articles et ouvrages variés dans leurs sujets et formats. Parmi ses livres célèbres figurent une Histoire de l’expansion de l’art français (1924–1933), L’Europe française au siècle des Lumières (1938), ainsi qu’une imposante Histoire du vandalisme (1959, rééditée et « complétée » en 1994). En dépit de la persistance de certains de ses travaux, la réception de Réau demeure problématique : reposant souvent sur un travail archivistique minutieux, ses réflexions se démarquent par leur nationalisme structurel. L’ambiguïté de Réau se situe précisément dans le fait qu’il offrait à sa discipline, en insistant sur les phénomènes de migrations et de circulations artistiques, les outils d’une déconstruction du paradigme de l’art national, tout en le nourrissant de manière inflexible. Que faire aujourd’hui de l’héritage d’un savant ayant occupé des postes prestigieux au sein d’institutions clés du paysage diplomatique et académique international, mais adhérant à un mode de lecture et d’écriture de l’histoire devant nécessairement être remis en question ? Cette journée d’étude offrira l’occasion d’éclaircir le contexte, les enjeux idéologiques ainsi que l’impact des travaux de Réau, en les mettant à l’épreuve des recherches actuelles de la discipline.