Des objets dans les œuvres

Atelier de recherche

Des objets dans les œuvres

Cette rencontre a été organisée autour de conférences d'Antje Kramer et Marta Dziewanska ainsi que d'un atelier de lecture.

Voir les publications qui sont ressorties de ces contributions :

 

Conférences

 

Marta Dziewanska

« Alina Szapocznikow. Sculpter le 'réel' »

La carrière d'Alina Szapocznikow commence après la seconde Guerre mondiale, elle est alors fidèle à une pratique classique et figurative. Dès la seconde moitié des années 1950, profitant de l'affaiblissement du système communiste polonais, Szapocznikow développe très rapidement une conception de la sculpture comme palimpseste non seulement de la mémoire, mais aussi de son propre corps. Cette conception s'incarne dans des objets provocants, à la fois sexualisés, fragmentés, vulnérables, plein d'humour et politiques, à la frontière du surréalisme, du nouveau réalisme et du pop art. Les moulages en polyester teintés de ses lèvres et de sa poitrine transformés en objets quotidiens tels des lampes, des cendriers, les formes coulées dans le polyuréthane et les sculptures qui intègrent des photographies demeurent tout aussi idiosyncratiques et contemporaines aujourd'hui qu'au jour de leur création. Il est fascinant d'apprécier comment l'artiste s'est montrée prête de façon si caractéristique à prendre des risques artistiques à travers des expériences formelles et expérimentales la menant ainsi de la sculpture traditionnelle à l'art contemporain.
La présentation aura pour but d'examiner comment le « réel » – les expériences personnelles, l'esprit d'une époque sculptent l'œuvre d'Alina Szapocznikow et comment cette œuvre devient le miroir du temps. Sur la courte période de son activité artistique bornée d'un côté par l'expérience des camps de concentration, de l'autre par la maladie qui l'emporte à l'âge de 47 ans, nous porterons notre attention sur le corpus d'œuvres qui atteste à la fois de son destin, de ses aspirations, de ses obsessions et, de manière plus universelle, de la condition d'une artiste femme contemporaine face aux défis qui se présentent à elle.

Cette présentation a fait l'objet d'une publication en ligne : https://dfk-paris.org/fr/node/1361#/resolve/articles/23145 (première édition sur https://perspectivia.net/receive/pnet_mods_00000086 (pdf)).

 

Antje Kramer

« Les visions du réel au sein du Nouveau Réalisme »

Parmi les archives du critique Pierre Restany se trouve un tapuscrit destiné à augmenter l'entrée « réalisme » du Grand Larousse encyclopédique en 10 volumes. Si l'on s'en tient à cette définition du Nouveau réalisme issue de la plume du critique, le mouvement est clairement circonscrit. Il est constitué de treize artistes rassemblés par un critique d'art autour de la notion de « l'appropriation du réel », d'une déclaration constitutive signée le 27 octobre 1960, de trois manifestes et de trois expositions collectives, sa fin a été déclarée en février 1963. Cette histoire-là peuple depuis près de cinquante ans des salles d'exposition et des livres. Or, cette généalogie uniciste d'un art propre à la société de consommation, sans cesse augmentée et répétée par Restany, en historiographe consciencieux, vole en éclats lorsqu'on se penche davantage sur les discours individuels des artistes du groupe. Alors que Restany instaure une terminologie propre autour des notions de « réel », de « réalité » et de « réalisme », laquelle cherche à « réintégrer » l'homme au réel – bref, à formuler un consensus entre l'art et la société –, ce vœu se situe bien loin, voire à l'encontre des ambitions individuelles de ses représentants, tel que l'on peut l'observer chez Klein et Tinguely, qui s'attèlent à forger tour à tour des concepts d'un art total, capable de changer le destin de la société.
Le séminaire sera l'occasion d'examiner les usages des notions de « réel » et de « réalité » que font les acteurs du Nouveau Réalisme, afin de réévaluer l'interprétation restanienne au sein du groupe et de contourner un sens de lecture dominant qui a trop souvent enfermé le mouvement dans le champ restreint de sa grammaire des objets.

Cette présentation a fait l'objet d'une publication en ligne : https://dfk-paris.org/fr/node/1361#/resolve/articles/23145 (première édition sur https://perspectivia.net/receive/pnet_mods_00000082 (pdf)).

 

Atelier de lecture

 

Conçu par Clara Pacquet

  • Jean Baudrillard, chap. « Introduction » dans id., Le système des objets, Paris, Gallimard, 1968, p. 7-18
  • « Entretien Marcel Duchamp - James Johnson Sweeney », dans Duchamp Du Signe. Écrits, éd. par Michel Sanouillet et Elmer Peterson, Paris, Flammarion, 1975, p. 175-185
  • « Le choix des mots et des objets », dans Entretiens avec Marcel Duchamp, éd. par Georges Charbonnier, Paris, André Dimanche Éditeur, 1994, p. 53-66
  • Alain Robbe-Grillet, « Une voie pour le roman futur », dans id., Pour un nouveau roman, Paris, Minuit, 1961, p. 15-23
  • Pierre Restany, « Die Beseelung des Objekts », dans Das Kunstwerk. Zeitschrift für moderne Kunst, année XV, 1961/1962, cahier 1/2, juillet/août 1961, p. 37-56
  • Tadeusz Kantor, « La chaise et son histoire », dans id., Métamorphoses, trad. par Jerzy Lisowski, Paris, 1982, p. 121-125
  • Rosalind Krauss, « On ne joue plus », dans L'originalité de l'avant-garde et autres mythes modernistes, trad. par J.-P. Criqui, Paris, Editions du Chêne/Hachette - Galerie de France, 1993, p. 213-262

Nom du responsable

Contact
Mathilde Arnoux

Dr. habil. Mathilde Arnoux

Directrice de recherches / Responsable des éditions en langue française (coll. Passages et Passerelles)
Téléphone +33 (0)1 42 60 41 24
Contact

Dr. Clara Pacquet

Chargée de recherche