« Auctorialité ». Repenser l’auteur dans les arts et l’histoire de l’art

Colloque

« Auctorialité ». Repenser l’auteur dans les arts et l’histoire de l’art

L’étude attentive de la genèse d’une œuvre d’art montre qu’un artiste n’en est pas toujours le seul auteur. Les tendances contemporaines de l’appropriation et de la citation, ainsi que les nouvelles technologies et le champ de leurs possibilités, ont contribué à renouveler au cours des dernières années notre conception de l’auteur et ont rendu nécessaire un élargissement des outils scientifiques et théoriques de l’historien de l’art. En France, ces réflexions, dont les développements épistémologiques ont d’abord été appliqués à l’histoire de la littérature, ont conduit à l’apparition du terme « auctorialité ». L’usage de ce néologisme et des problématiques qu’il recouvre s’est récemment ouvert à d’autres disciplines comme l’histoire de l’art à travers, par exemple, les travaux de Charlotte Guichard. L’émergence de nouveaux champs de recherches, comme celui du « nouveau connoisseurship », ont contribué à renouveler notre compréhension de la relation qui unit l’engagement physique de l’artiste et sa qualité d’auteur au cours des périodes anciennes. Par ailleurs, réinterroger des modèles théoriques développés aux XIXe et XXe siècles permet également de réfléchir à la question de l’auctorialité dans une perspective contemporaine. En quoi le modèle poststructuraliste, né du champ littéraire, est-il un outil de réflexion pertinent pour aborder ce sujet ? L’article de Roland Barthes, La mort de l’auteur, paru en France en 1968, ainsi que les développements concomitants autour de cette notion chez des philosophes et théoriciens tel que Michel Foucault, ont contribué à réinterroger le sens à donner au mot « auteur » dans les arts, notamment au XXe siècle.
Dans cette perspective, ce colloque entend réfléchir aux différents modèles théoriques relatifs à l’auctorialité en convoquant des exemples tirés de l’histoire de l’art du XVIe siècle à nos jours. À travers le questionnement de ces modèles, ces journées chercheront à montrer en quoi des exemples tirés de l’époque moderne (XVIe - XVIIIe siècles) participent au débat actuel sur l’auctorialité. En multipliant les sources disponibles, en soulignant l’importance des pratiques collaboratives, en convoquant différents termes appartenant au champ sémantique de l’auteur (signature, pastiche, copie ...) ou encore en considérant le rôle du regardeur, ce colloque cherchera à mettre en valeur la pluralité des approches épistémologiques relatives à la question de l’auctorialité dans l’art et l’histoire de l’art. Dans quelle mesure les pratiques d’atelier et de copies aux XVIe et XVIIe siècles viennent-elles contrarier l’idée romantique du génie de l’artiste ainsi que de la prétendue singularité de son œuvre ? En quoi l’étude de ces questions sur l’originalité met-elle en perspective les débats plus récents concernant les développements technologiques et numériques ? En quoi le concept d’auctorialité abrite-t-il d’autres questionnements, comme celui de la place de l'interprète dans la performance artistique et chorégraphique, ou encore celui du geste technique chez l’artiste ? Comment remettre en question un modèle artistique conçu par l’Occident dans un monde de plus en plus mondialisé ? En quoi le prisme de l’« entangled history » permet-il de réévaluer la figure de l’auteur et de renouveler notre regard sur les pratiques collaboratives ?
Ce colloque abritera donc une pluralité de perspectives sur l’auctorialité dans les arts et l’histoire de l’art ainsi que sur son récit historiographique. À la lumière de différents cas d’études, une réflexion sur le rapport d’un auteur à son travail artistique à travers les siècles sera engagée en mettant l’accent sur les pratiques collectives ou post-auctoriales.

Conception et organisation: 
Ann-Cathrin Drews, Soersha Dyon, Dominik Eckel, Milena Gallipoli, Jannik Konle, Blanche Llaurens, Agata Pietrasik, Annabel Ruckdeschel

Contact : Dominik Eckel (deckel@dfk-paris.org); Jannik Konle (jkonle@dfk-paris.org)