Guillaume Blanc-Marianne
Dr. Guillaume Blanc-Marianne
Vita
Guillaume Blanc-Marianne (jusqu’à présent Guillaume Blanc) est docteur en histoire de l’art contemporain de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, il s’est spécialisé en l’histoire de la photographie. Il a été boursier du LabEx CAP au Département des Estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France en 2014-2015, avant de rejoindre l’Institut national d’histoire de l’art en tant que chargé d’études et de recherches (contrat doctoral, 2015-2018). Sa thèse, soutenue en 2022, propose une généalogie de l’idée de « civilisation de l’image » dans les années 1950 en France, dont il a montré qu’elle était une invention de l’industrie photographique et notamment de Kodak-Pathé. En parallèle de ses activités de recherche, il a enseigné l’histoire de la photographie à l’Université catholique de l’Ouest et la théorie contemporaine des images à l’Université Gustave-Eiffel. Il mène aussi une activité de commissariat d’exposition, ayant notamment assuré le commissariat de l’exposition Gilles Caron. Un monde imparfait présentée à Reims, Cherbourg, Brest et Betton. Il est par ailleurs secrétaire général de la Société française de photographique depuis 2017.
Research focus
Lingua franca photographica. La photographie comme langage universel
Dans les années 1950-1970, en France, nombre d’acteurs issus du sérail photographique (essentiellement autour de l’association des Gens d’images dirigée par Albert Plécy) ou de celui de l’imprimé (par exemple, autour des Rencontres de Lure pilotées par Maximilien Vox) tentent d’élaborer un langage photographique universel. Contrairement aux sémiologues, qui recherchent une équivalence entre image et langage, eux trouvent dans la photographie la possibilité d’un langage universel qui ne s’adresse pas à la raison et au savoir, mais aux émotions et au sentir. Ils désirent l’avènement d’une lingua franca photographica : non un langage à part entière mais une langue véhiculaire qui n’aurait pas prétention à s’approprier tout le domaine du langage, mais seulement à l’étayer et à le relayer. En définitive, c’est un esperanto des passions qui est recherché, pour faire advenir une humanité libérée des barrières de la langue et retrouvant ainsi son unité, franchement éprouvée après la Seconde Guerre mondiale. L’approche sémiologique et la théorie des médias des années 1960 ont rompu avec le projet universaliste, n’en laissant qu’une forme vidée de ses contenus éthiques, fussent-ils contaminés par des exigences publicitaires ou une démarche impérialiste. Mieux connaître ce projet et le comprendre offre cependant la possibilité de repenser à nouveaux frais la part du photographique dans la distribution des émotions ainsi que la façon dont nous structurons notre expérience collective par le visible autant que par le dicible, pour contribuer en définitive à une anthropologie politique de l’image.