Le monument en débat
Théories et pratiques de la monumentalisation en Allemagne et en Autriche après 1945
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Il existe sans doute peu de pays en Europe où la question du monument comme medium de la mémoire historique se soit posée de manière aussi aiguë et virulente qu’en Allemagne et en Autriche après 1945. Au-delà du rapport au temps, c’est le rapport – à la fois éthique et politique – à l’histoire qui est en jeu. À la place d’une définition nationale et affirmative des monuments s’impose une polarité entre destruction et reconstruction, présence et absence, silence et dénonciation. Du monument impossible au monument « embarrassant », de la faillite du monument au monument « détourné » ou « transformé », de nouveaux langages artistiques émergent. Non seulement de nombreux débats se cristallisent sur ce thème, mais les artefacts eux-mêmes donnent lieu à d’amples controverses sociales. Depuis la nécessité de maintenir vivante la mémoire de la Shoah jusqu’aux interrogations sur l’usage possible des résidus encombrants du nazisme et du stalinisme ou aux polémiques récentes autour des projets de reconstruction, se pose toujours la question de ce qu’un monument – sa réalisation, sa reconstruction ou sa destruction – « dit » ou « ne dit pas », « fait » ou « ne fait pas », et comment cela engage l’avenir. À tel point que l’on peut se demander si la valeur principale des monuments n’est pas, aujourd’hui du moins, de susciter le débat public. Peut-on, au vu de ces situations, significations et conditions inédites, tenter une définition actuelle du monument ? Les contributions rassemblées dans l’ouvrage Le monument en débat concernent l’Autriche et l’Allemagne, mais elles questionnent la monumentalité en tant que telle à l’époque contemporaine, au-delà de l’enracinement national.
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